Violon
♦ Origine et naissance du violon
Bien qu'il existe une représentation d'un violon (forme en huit, volute, ouïe en forme de C) sur une statue d'un temple en Inde datée du XXIIe siècle, on estime habituellement que le violon naît dans les années 1520, dans un rayon de 80 km autour de Milan en Italie. Il y a indétermination entre les villes de Brescia et de Crémone. Le premier luthier ayant fabriqué un violon pourrait être Giovan Giacobo dalla Corna ou Zanetto Montichiaro. Il semble que le violon ait emprunté des caractéristiques à trois instruments existants: le rebec, en usage depuis le XIVe (lui-même dérivé du rebab de la musique arabe), la vièle et la lira da braccio.
La première mention du violon dont on ait trace est une note de décembre 1523, dans un registre de la Trésorerie générale de Savoie pour le paiement des prestations des «trompettes et vyollons de Verceil». La première apparition du violon dans l'art est due à Gaudenzio Ferrari (circa 1480 - 1546), auteur de La Madonna degli aranci (La Madonne à l'oranger), datant de 1529-30, dans l'église Saint-Christophe. Enfin, une des premières descriptions explicites de l'instrument et de son accord en quintes figure dans l'l'Epitome musical des tons, sons et accordz de Philibert Jambe de Fer, publié à Lyon en 1556. Le violon se répand rapidement à travers l'Europe, à la fois comme instrument de rue, populaire, et comme instrument apprécié de la noblesse: ainsi, le roi de France Charles IX commande à Amati 24 violons en 1560. Le plus ancien violon qui nous soit parvenu est un de ceux-là et porte le nom de leur commanditaire.
♦ De la Renaissance à la période classique
En 1630, Pierre Trichet écrit, dans son Traité des instruments de musique que « les violons sont principalement destinés aux danses, bals, ballets, mascarades, sérénades, aubades, fêtes et tous passe-temps joyeux, ayant été jugés plus appropriés à ces genres de passe-temps que tout autre instrument ». L'avis de Trichet n'est pas isolé au début du XVIIe : à ses débuts, le violon est considéré comme criard et juste bon à faire danser. De fait, la France du XVIIe recherche plus les sonorités intimistes propres à l'expression individuelle que les effets spectaculaires des virtuoses et le son brillant du violon. Cependant, il a déjà commencé sa conquête du monde musical en Italie dès les années 1600.
Sous l'influence de premiers virtuoses tels que Balthasar de Beaujoyeux, à la tête du groupe de violons italiens emmenés du Piémont en 1555 par Charles Ier de Cossé, la famille des violons connaît un succès croissant qui va l'amener à supplanter progressivement la viole de gambe. Dans Circé ou le ballet comique de la reine, se trouvent deux séries de danses instrumentales qui sont spécifiquement destinées à être jouées par des violons. Le texte et la musique en sont publiés en 1582, formant ainsi la première partition jamais imprimée pour le violon. L'établissement du violon en France se poursuit avec la création en 1626 des Vingt-quatre Violons du Roi, et surtout grâce à l'influence du compositeur et violoniste italien Jean-Baptiste Lully (1632-1687).
♦ L'Italie: premier âge d'or de la virtuosité
C'est néanmoins en Italie que le violon connaît son essor le plus rapide et le plus spectaculaire. La virtuosité des violonistes italiens est exploitée dès le début de la période baroque par Claudio Monteverdi, qui use de trémolos et de pizzicatos dans ses opéras, dont l'un des plus connus pour son usage du violon est L’Orfeo (1607). Il faut attendre plusieurs décennies avant que des virtuoses tels que Heinrich von Biber (1644-1704) achèvent hors d'Italie un degré de maîtrise virtuose tel que celui développé par les maîtres italiens.
La seconde partie du XVIIe siècle voit la domination de l'école de Bologne qui produit des musiciens tels que Arcangelo Corelli, son élève Francesco Geminiani, ou encore Giovanni Battista Vitali, et voit naître des formes telles que la Sonate et le Concerto grosso. C'est à Crémone, près de Bologne que Nicolo Amati, Andrea Guarneri et surtout Antonio Stradivarius amènent le violon à sa forme actuelle et produisent des exemplaires d'une très grande qualité, à tel point que les Stradivarius et, dans une moindre mesure les Guarnerius, sont toujours aujourd'hui les violons les plus onéreux et les plus recherchés.
♦ Quel la utiliser ?
Le XXe est le moment où l'on fixe la hauteur du la3, ou diapason. Celui-ci a considérablement varié au cours du temps : par exemple, entre les différents opéras d'Europe, et entre 1810 et 1860, le diapason a pris des valeurs entre 423 et 452 hertz. L'organisation internationale de normalisation fixe en 1955 le la à 440 Hz. Les fluctuations du la ont d'importantes conséquences sur les instruments à cordes. En effet, pour obtenir un diapason plus élevé, ce n'est pas l'épaisseur de la corde qui est modifiée mais la tension. La pression exercée sur la table varie ainsi fortement au cours du temps. La montée du la3 par rapport à celui de l'époque Stradivari entraîne un renforcement du barrage des instruments anciens pour mieux résister à la pression accrue exercée par les cordes. Mais les années 1950 signent aussi le retour du jeu sur violon baroque (et donc souvent l'emploi d'un la3 plus bas), avec la formation du Concentus Musicus Wien par Nikaulos Harnoncourt, le pionnier du genre. S'ensuivent les mises en place de la Capella Cloniensis en 1954, du Collegium Aureum (1962), du Alarius Ensemble Bruxelles (1956) et après 1972 de La Petite Bande (fondations de Sigiswald Kuijken et de son entourage), de l'Academy of Ancient Music (1973)... Les instrumentistes baroques réutilisent des violons de montage baroque qui n'ont pas été modifiés, ou des copies d'après modèles ; suivant les cas, ils y ajoutent les cordes en boyau et l'archet convexe.
Bien qu'il existe une représentation d'un violon (forme en huit, volute, ouïe en forme de C) sur une statue d'un temple en Inde datée du XXIIe siècle, on estime habituellement que le violon naît dans les années 1520, dans un rayon de 80 km autour de Milan en Italie. Il y a indétermination entre les villes de Brescia et de Crémone. Le premier luthier ayant fabriqué un violon pourrait être Giovan Giacobo dalla Corna ou Zanetto Montichiaro. Il semble que le violon ait emprunté des caractéristiques à trois instruments existants: le rebec, en usage depuis le XIVe (lui-même dérivé du rebab de la musique arabe), la vièle et la lira da braccio.
La première mention du violon dont on ait trace est une note de décembre 1523, dans un registre de la Trésorerie générale de Savoie pour le paiement des prestations des «trompettes et vyollons de Verceil». La première apparition du violon dans l'art est due à Gaudenzio Ferrari (circa 1480 - 1546), auteur de La Madonna degli aranci (La Madonne à l'oranger), datant de 1529-30, dans l'église Saint-Christophe. Enfin, une des premières descriptions explicites de l'instrument et de son accord en quintes figure dans l'l'Epitome musical des tons, sons et accordz de Philibert Jambe de Fer, publié à Lyon en 1556. Le violon se répand rapidement à travers l'Europe, à la fois comme instrument de rue, populaire, et comme instrument apprécié de la noblesse: ainsi, le roi de France Charles IX commande à Amati 24 violons en 1560. Le plus ancien violon qui nous soit parvenu est un de ceux-là et porte le nom de leur commanditaire.
♦ De la Renaissance à la période classique
En 1630, Pierre Trichet écrit, dans son Traité des instruments de musique que « les violons sont principalement destinés aux danses, bals, ballets, mascarades, sérénades, aubades, fêtes et tous passe-temps joyeux, ayant été jugés plus appropriés à ces genres de passe-temps que tout autre instrument ». L'avis de Trichet n'est pas isolé au début du XVIIe : à ses débuts, le violon est considéré comme criard et juste bon à faire danser. De fait, la France du XVIIe recherche plus les sonorités intimistes propres à l'expression individuelle que les effets spectaculaires des virtuoses et le son brillant du violon. Cependant, il a déjà commencé sa conquête du monde musical en Italie dès les années 1600.
Sous l'influence de premiers virtuoses tels que Balthasar de Beaujoyeux, à la tête du groupe de violons italiens emmenés du Piémont en 1555 par Charles Ier de Cossé, la famille des violons connaît un succès croissant qui va l'amener à supplanter progressivement la viole de gambe. Dans Circé ou le ballet comique de la reine, se trouvent deux séries de danses instrumentales qui sont spécifiquement destinées à être jouées par des violons. Le texte et la musique en sont publiés en 1582, formant ainsi la première partition jamais imprimée pour le violon. L'établissement du violon en France se poursuit avec la création en 1626 des Vingt-quatre Violons du Roi, et surtout grâce à l'influence du compositeur et violoniste italien Jean-Baptiste Lully (1632-1687).
♦ L'Italie: premier âge d'or de la virtuosité
C'est néanmoins en Italie que le violon connaît son essor le plus rapide et le plus spectaculaire. La virtuosité des violonistes italiens est exploitée dès le début de la période baroque par Claudio Monteverdi, qui use de trémolos et de pizzicatos dans ses opéras, dont l'un des plus connus pour son usage du violon est L’Orfeo (1607). Il faut attendre plusieurs décennies avant que des virtuoses tels que Heinrich von Biber (1644-1704) achèvent hors d'Italie un degré de maîtrise virtuose tel que celui développé par les maîtres italiens.
La seconde partie du XVIIe siècle voit la domination de l'école de Bologne qui produit des musiciens tels que Arcangelo Corelli, son élève Francesco Geminiani, ou encore Giovanni Battista Vitali, et voit naître des formes telles que la Sonate et le Concerto grosso. C'est à Crémone, près de Bologne que Nicolo Amati, Andrea Guarneri et surtout Antonio Stradivarius amènent le violon à sa forme actuelle et produisent des exemplaires d'une très grande qualité, à tel point que les Stradivarius et, dans une moindre mesure les Guarnerius, sont toujours aujourd'hui les violons les plus onéreux et les plus recherchés.
♦ Quel la utiliser ?
Le XXe est le moment où l'on fixe la hauteur du la3, ou diapason. Celui-ci a considérablement varié au cours du temps : par exemple, entre les différents opéras d'Europe, et entre 1810 et 1860, le diapason a pris des valeurs entre 423 et 452 hertz. L'organisation internationale de normalisation fixe en 1955 le la à 440 Hz. Les fluctuations du la ont d'importantes conséquences sur les instruments à cordes. En effet, pour obtenir un diapason plus élevé, ce n'est pas l'épaisseur de la corde qui est modifiée mais la tension. La pression exercée sur la table varie ainsi fortement au cours du temps. La montée du la3 par rapport à celui de l'époque Stradivari entraîne un renforcement du barrage des instruments anciens pour mieux résister à la pression accrue exercée par les cordes. Mais les années 1950 signent aussi le retour du jeu sur violon baroque (et donc souvent l'emploi d'un la3 plus bas), avec la formation du Concentus Musicus Wien par Nikaulos Harnoncourt, le pionnier du genre. S'ensuivent les mises en place de la Capella Cloniensis en 1954, du Collegium Aureum (1962), du Alarius Ensemble Bruxelles (1956) et après 1972 de La Petite Bande (fondations de Sigiswald Kuijken et de son entourage), de l'Academy of Ancient Music (1973)... Les instrumentistes baroques réutilisent des violons de montage baroque qui n'ont pas été modifiés, ou des copies d'après modèles ; suivant les cas, ils y ajoutent les cordes en boyau et l'archet convexe.